Le classement de Pékin

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Depuis que, pour des raisons qui lui appartiennent, l'université de Pékin s'était mis en tête d'établir un classement des universités mondiales, elle avait su faire parler d'elle dans les journaux du monde entier. Partant du principe qu'une fameuse université américaine devait être la meilleure, les statisticiens de l'université de Pékin ont donc mis au point un score numérique qui classait effectivement cette université américaine à la première place. L'université américaine n'était pas la plus grande, en terme de superficie ou en terme de nombre d'étudiants, elle n'était pas non plus la plus efficace pour apprendre à des étudiants moyens à devenir excellents, elle n'était pas non plus celle qui faisait travailler le plus de chercheurs ; il avait donc fallu utiliser un score composite, qui mêlait toutes sortes de choses, savamment pondérées pour assurer que la tête du classement soit conforme à ce que ses auteurs attendaient.

Ce qui n'était probablement, au départ, que le petit amusement d'un statisticien désœuvré, avait rapidement plu aux journalistes de toutes nationalités, qui y voyaient, en fin d'été (période peu chargée en actualité politique ou sportive) un moyen commode de faire de petits articles nationalistes pour se glorifier des éventuelles progressions des universités de leur pays dans ce classement, ou, au contraire, pour rédiger de longues complaintes sur le thème du déclassement de leur pays dans la compétition mondiale pour la matière grise.

Les directeurs d'université étaient donc, chaque été, appelés à témoigner dans la presse pour commenter le classement qui venait d'être publié. Ceux dont l'établissement venait de régresser dans le classement expliquaient longuement aux journalistes que ce classement était sans valeur, qu'il n'était pas adapté au système d'enseignement supérieur de notre pays, que la recherche et l'enseignement ne font pas appel aux mêmes qualités, et que, tout compte fait, selon de meilleurs critères, leur université aurait dû bénéficier d'un meilleur classement. Les directeurs qui avaient le bonheur de voir leur université progresser estimaient, quant à eux, qu'il était bon de se frotter à la concurrence internationale, que la France ne pouvait pas se permettre de rester hors du jeu, et, qu'on le veuille ou non, que ce classement était effectivement consulté par les meilleurs étudiants du monde au moment de choisir leur établissement. Bien entendu, il était fréquent qu'une même université progresse une année, pour régresser l'année suivante, ou inversement : leurs directeurs adaptaient alors leur discours, n'hésitaient pas à démentir éhontément leur interview de l'année précédente, bien conscients que, de toute manière, le sujet n'était pas important au point que quelqu'un se mêle de comparer les avis qu'ils avaient donnés sur la question au fil des années.

Il n'empêche : parmi le brouhaha annuel des directeurs d'universités qui s'arrangeaient systématiquement pour flatter le résultat de leur action, il y avait des gens qui accordaient une confiance fidèle aux qualités de ce classement. C'étaient les décideurs politiques, à tous les échelons de la hiérarchie : ces gens-là avaient reçu la mission d'améliorer le système d'enseignement supérieur et de recherche en France, et, honnêtes dans leur travail, ils faisaient de gros efforts pour y arriver. Mais si le ministre décidait d'une réforme, si le recteur menait une action dans son académie, comment, ensuite, pouvaient-ils évaluer si cette réforme, cette action, avaient effectivement amélioré la recherche et l'enseignement supérieur ? Il leur fallait une mesure de qualité, un score, quelque chose qui leur dise, à ces braves gens, si leur initiative avait porté ses fruits, ou si elle n'était qu'une fausse bonne idée. Le classement de Pékin avait, très opportunément, rempli ce rôle : pour un politicien peu au fait des complications des métiers de la recherche et de l'enseignement, un ministre qui, éventuellement, venait d'être nommé à ce poste alors qu'il officiait précédemment à l'Agriculture ou aux Affaires étrangères, le classement de Pékin fournissait un moyen commode, simple, de mesurer le résultat de son action : si le classement des universités placées sous son autorité avait progressé, alors il était sur la bonne voie. Sinon, il fallait qu'il change de politique.

Puisque les décideurs, les gens de pouvoir, accordaient une grande importance à ce classement, les différentes mesures qu'ils pouvaient prendre tendaient toutes à nous inciter, nous autres, chercheurs et enseignants-chercheurs, à améliorer la position de nos établissements dans ce fameux classement. Que l'université pékinoise inclue, dans son score, le nombre de publications parues dans tel ou tel journal scientifique ? Des mesures incitatives fleurissaient, qui tendaient à favoriser les disciplines scientifiques dans lesquelles ces revues s'étaient spécialisées. Que le système de mesure favorise les établissements les plus gros ? Une série d'injonctions ministérielles venait exiger des universités qu'elles fusionnent pour en faire de plus grosses.

L'institut dans lequel je travaille n'échappait évidemment pas à la règle. Cet été, quand le classement de Pékin est paru, notre université de tutelle avait perdu quelques places, et le directeur de notre institut a immédiatement reçu des instructions pour corriger le tir. Le président de l'université (que nous avions eu plaisir à entendre, à la radio, expliquer que ce classement était une idiotie, et qu'il valait mieux se préoccuper de la formation effectivement dispensée aux étudiants) exigeait désormais que chaque institut sous sa tutelle adopte la même politique de formatage de son adresse postale dans les publications. L'objectif était clairement affiché : il fallait en finir avec l'anarchie qui régnait dans ce domaine, et qui avait probablement coûté à notre université le score élevé auquel elle pouvait légitimement prétendre. Parmi les unités de recherche placées sous la tutelle de l'université, certaines omettaient de nommer l'université dans leur adresse, d'autres la nommaient sous la forme d'un acronyme, et les statisticiens de l'université de Pékin, ignorants qu'ils étaient de l'affiliation réelle de chaque institut, et de la signification des différents acronymes, avaient dû sous-estimer le nombre d'articles publiés par les laboratoires du campus. Le directeur de notre institut nous a donc donné la consigne de donner toujours la même adresse aux journaux scientifiques : le nom de notre institut, suivi du nom de chacune de nos deux tutelles (l'université, et un organisme de recherche national ; il fallait que le nom de l'université apparaisse en premier), suivi du code postal (précédé de « F- » pour signifier « France »), puis du nom de notre ville, puis de « France ». Le président avait donné ces consignes à chaque institut du campus, seul le nom de l'institut, en début d'adresse, allait changer d'un institut à l'autre. L'homogénéisation des adresses devait faciliter le travail des statisticiens de l'université de Pékin, qui pourraient attribuer à notre université chacune de nos publications sans en oublier.

Je venais de finir de lire ce mail de notre directeur quand Jean-Claude est entré dans mon bureau. Je l'aime bien, Jean-Claude, il est enseignant-chercheur depuis bien longtemps, et il sait prendre chacune de ces petites innovations administratives avec recul. Il a refermé la porte de mon bureau, s'est assis face à moi, et m'a dit, l'air grave :

« Zut, le directeur vient juste de nous envoyer ses instructions pour le formatage des adresses, et je suis déjà hors-la-loi ! J'ai un article qui vient d'être accepté, j'ai relu les épreuves hier, et ce matin, j'ai écrit au journal pour leur dire que tout était bon, et qu'ils pouvaient le publier tel quel. Et, forcément, je n'avais pas formaté l'adresse comme ils le veulent… »

Je voyais, à ses yeux qui pétillaient, que sa mauvaise humeur n'était que de façade. J'ai répondu sur le ton qui convenait :

« J'espère qu'ils ne vont pas te virer de la fac pour ça… »

Jean-Claude a éclaté de rire. J'ai poursuivi :

« Quand même, je trouve qu'ils accordent une importance un peu démesurée à ce classement de Pékin… En plus, si vraiment les auteurs de ce classement ne sont pas fichus d'attribuer correctement les articles à l'université si les noms de nos deux tutelles sont écrits dans l'autre sens, c'est que ce sont vraiment des billes ! Pourquoi est-ce que ce serait à nous de nous fatiguer à retenir des formatages d'adresse rigides, et pas à eux à apprendre à parser correctement une ligne de texte ? »

Jean-Claude a poursuivi : « Surtout, tu sais, si les journaux publient les adresses des auteurs, ce n'est pas pour alimenter ce concours de publis entre universités ! Au départ, ça sert surtout à savoir comment contacter les auteurs, si un lecteur a besoin de leur demander des précisions, ou des réactifs. »

« Jean-Claude, mon pauvre vieux ! Tu crois vraiment qu'il y a encore des gens qui utilisent une adresse postale pour contacter les auteurs d'une publi ? Tout le monde fait ça par email, maintenant ! »

Je l'avais vexé : « N'empêche, c'est vraiment pour ça qu'on nous demandait les adresses des labos, quand j'étais jeune… Évidemment, maintenant, on ne donne même plus le numéro de rue, alors même si un vieux croûton comme moi voulait encore écrire une lettre sur papier, il ne pourrait même pas l'adresser correctement… Tu sais ce qu'il aurait fallu ? Au moment où l'email a supplanté le courrier papier, il aurait fallu qu'on arrête de donner les adresses physiques dans les publis. Comme ça, on n'aurait pas donné prise, ensuite, à tous ces enquiquineurs pour qu'ils fassent leurs statistiques sur les publis des différentes universités… »

Pendant qu'il terminait sa phrase, mon ordinateur a émis le petit tintement qui m'avertissait de l'arrivée d'un message. C'était notre collègue Pierre, qui, en réponse au message du directeur, se demandait ingénument pourquoi il était nécessaire d'ajouter « F- » avant le code postal, puisque de toute façon la fin de l'adresse citait explicitement la France.

Le temps que je montre ce message à Jean-Claude, qui a hoché la tête en souriant, notre directeur répondait déjà, également par mail collectif : il ne fallait pas revenir sur le formatage de l'adresse, c'est le président de l'université qui l'avait imposé, et il était interdit d'y changer la moindre virgule. Il fallait laisser le « F- », tout redondant qu'il était.

Jean-Claude est retourné dans son bureau, en prédisant que cette maniaquerie des instances dirigeantes allait certainement déclencher une jolie engueulade entre nous. Il n'avait pas tout à fait tort : il ne devait pas encore être arrivé dans son bureau que, déjà, trois messages collectifs répondaient à celui de notre directeur. Le premier se lamentait de ce que le nom de l'université doive apparaître en premier, étant donné que l'université contribuait beaucoup moins à nos travaux et à notre bugdet que notre autre tutelle, l'organisme de recherche (ce chercheur concluait son mail en disant qu'il donnerait le nom de l'université en deuxième, dans l'adresse qu'il donnerait aux journaux scientifiques). Un deuxième message venait apporter son soutien à Pierre, et insistait pour qu'on enlève, soit le « F- », soit le « France », et qu'on n'avait pas à prendre nos instructions auprès d'un président d'université psychorigide. Le troisième message demandait s'il fallait donner le nom français de notre institut, ou sa traduction en anglais, étant donné que l'exercice avait visiblement pour but de faciliter le travail de statisticiens étrangers.

Je dois dire que, alors que la discussion commençait à prendre un tour agressif, le calme relatif de la réponse de notre directeur (que nous devions être quelques-uns à attendre avec curiosité) m'a plutôt surpris. Il n'est pas directeur pour rien !… Il répétait, fermement mais poliment, que le président d'université avait donné pour consigne de ne rien changer à ce format d'adresse, qu'il en allait de la qualité de la reconnaissance de notre travail par le reste du monde, et qu'il savait pouvoir nous faire confiance pour suivre ces instructions, certes imparfaites, mais finalement assez peu contraignantes.

La situation s'est donc rapidement apaisée, et si, dans les semaines qui ont suivi, quelques-uns de nos collègues ont encore publié sous des adresses qui ne suivaient pas le modèle imposé, il s'agissait probablement d'oublis, ou alors, de petits actes de résistance isolés qui ne se sont pas propagés.

Non, honnêtement, notre institut a plutôt fait partie des bons élèves. Hélas pour le président de l'université, on ne peut pas en dire autant de tous les autres instituts de recherche du campus… Quelques-uns étaient ouvertement entrés en rébellion, et leurs articles donnaient systématiquement des adresses qui, bien que factuellement correctes, ne suivaient jamais le format préconisé. D'autres instituts semblaient vouloir bien faire, mais ils rencontraient des problèmes que n'avaient apparemment pas anticipés les auteurs du format officiel : si leurs adresses commençaient bien par nommer leur institut, le simple nom de l'institut variait aléatoirement d'une publication à la suivante, il pouvait être écrit en toutes lettres, ou remplacé par son acronyme, ou alors par le numéro d'UMR, ou alors par une combinaison de deux ou trois de ces éléments, dans un ordre imprévisible.

Le président d'université n'a pas fait preuve de la même diplomatie que notre directeur d'unité. C'est donc une série de messages collectifs acrimonieux que l'ensemble du campus a reçue, au rythme d'un par semaine environ, à mesure que les chercheurs des différents instituts faisaient remonter les raisons pour lesquelles ils ne se conformaient pas au format imposé. Dans notre institut, qui donnait relative satisfaction, personne ne s'est plaint auprès du président d'université, et nous ne recevions que les messages collectifs qu'il envoyait, sans avoir jamais accès aux messages qu'il avait reçus de la part des chercheurs des différents instituts. Dans l'un de ses premiers messages collectifs, il demandait à ce que les noms des instituts soient écrits en toutes lettres, et il banissait les acronymes. Une semaine plus tard (probablement, après avoir reçu la plainte d'un chercheur qui tenait à utiliser son numéro d'UMR), il a ajouté que les UMR étaient typiquement françaises, donc incompréhensibles pour l'étranger, donc à proscrire. Une semaine plus tard, il revenait sur sa décision : les numéros d'UMR étaient faciles à extraire automatiquement d'une adresse, et ils seraient sans doute bien indexés par l'université de Pékin. Il devenait, non seulement autorisé, mais obligatoire, de les donner (ils devaient figurer après le nom de l'institut, mais avant celui de l'université). Quelqu'un a dû demander s'il fallait expliciter « unité mixte de recherche » en toutes lettres ou utiliser l'acronyme « UMR » puisque, quelques jours plus tard, un nouveau message collectif nous apprenait que l'acronyme « UMR », plus léger, serait la seule forme autorisée. Les semaines suivantes ont dû préciser qu'il ne faudrait pas d'espace entre les lettres « UMR » et le numéro de l'unité, qu'il faudrait des majuscules à chaque nom commun dans le nom de l'institut (mais pas pour les mots de liaison), et quelques autre subtilités typographiques qui ont alimenté les discussions autour de la machine à café.

Ce qui est amusant, c'est que, alors que tous ces efforts visaient à homogénéiser le format des adresses publiées par les laboratoires du campus, ils ont eu l'effet inverse : selon la semaine où une publication était acceptée, elle utilisait donc un format ou l'autre, en fonction de la progression des instructions envoyées par la présidence de l'université… On a même vu, au milieu de cette période, un article dont l'adresse était formatée conformément aux règles de la semaine précédente, mais pour lequel, pour chacun des auteurs, une note de bas de page précisait : « Current address: », suivi de la même adresse que celle qui figurait dans le paragraphe d'affiliations, mais formatée selon la règle de la semaine en cours.

C'est au milieu de cette période si riche en décisions officielles sur le format de nos adresses, que, dans notre institut, ma collègue Sophie a soulevé un problème qui ne concernait que nous : le nom de notre institut était tellement long, tellement malcommode (nous étions l'« Institut des recherches pluridisciplinaires développées théoriques et expérimentales »), que personne ne l'utilisait réellement ; nous avions tous pris l'habitude, en congrès, et dans nos publications, de nous identifier par l'ancien nom officiel de notre institut, l'« Institut pluridisciplinaire ». Inutile de préciser qu'aucun de nos collègues internationaux n'avait connaissance de notre numéro d'UMR. Si on nous obligeait maintenant à nous identifier par un nom que personne ne connaissait hors du campus, la visibilité internationale de l'institut en souffrirait. Elle a donc profité d'une réunion de chefs d'équipe pour proposer de simplifier le nom officiel de notre institut.

Le directeur a reconnu qu'effectivement, et nous en étions tous, collectivement, responsables, le nom officiel n'avait jamais réussi à faire oublier notre ancien nom, et que cette situation allait provoquer une fâcheuse confusion, qui nuirait peut-être à la reconnaissance de notre travail. Il a annoncé une consultation démocratique, par email, à laquelle tous les membres de l'institut seraient invités à participer, pour choisir notre nouveau nom. Une commission allait être spécialement créée pour imaginer les propositions de noms qui seraient soumises au vote : j'ai décidé d'en faire partie.

L'unique réunion de notre commission, qui devait imaginer au moins trois propositions, a consisté en une longue discussion sur les raisons pour lesquelles le nom de notre institut ne s'était jamais imposé. On lui reprochait sa longueur, et la difficulté à prononcer son acronyme. Il convenait de trouver un nom plus vendeur, plus sexy. L'un de nous a proposé de choisir un nom anglais : puisque nous changions de nom pour pouvoir le donner à nos lecteurs internationaux, autant s'épargner le souci d'avoir à la fois un nom français et sa traduction en anglais, autant ne choisir qu'un nom anglais !

Parmi les trois propositions que nous avons donc soumises au vote, toutes les trois en anglais, celle qui a finalement été retenue avait le mérite de la clarté et de la simplicité : nous allions devenir le « Polytechnic Institute of Pluridisciplinary Ontology ». C'est donc tout naturellement sous ce nom que nous nous sommes identifiés dans les articles que nous avons publiés dans les semaines suivantes.

Alors que l'ensemble de notre institut était plutôt satisfait de ce nouveau nom, la présidence de l'université a jugé le moment mal choisi : il faut croire que le président a même cru à une provocation de notre part, alors qu'il venait enfin d'édicter des règles de formatage d'adresse qui semblaient couvrir chacune des spécificités des différents instituts du campus. Il avait notamment décidé que le nom des instituts serait orthographié en français dans les publications, et nous venions lui annoncer que le nom officiel de notre institut serait désormais anglais… Il s'est invité à notre conseil de laboratoire, pour nous dire que ce serait la dernière fantaisie qu'il accepterait de la part d'une unité sous sa tutelle. Il consentait à accepter notre changement de nom, mais il veillerait à ce que chacune de nos publications se conforme exactement aux règles de formatage qu'il avait choisies. Nous avons tous fait profil bas, et avons accepté ses conditions.

Le lendemain, notre directeur a envoyé un mail à tous les membres de notre institut, pour nous demander de nous tenir à carreau. Il fallait suivre strictement les instructions du président de l'université, qui avait un certain pouvoir de nuisance s'il était contrarié.

Par malheur, c'est justement dans les jours suivants qu'est finalement paru un article publié par notre directeur lui-même. Cet article avait été accepté pour publication plusieurs mois plus tôt, par un journal qui connaissait de longs délais entre l'acceptation et la parution effective. Dans cet article, qui datait d'avant la série d'instructions du président de l'université, notre directeur déclarait travailler à l'« Institut pluridisciplinaire », sans donner notre numéro d'UMR, et en nommant l'université par son acronyme. Est-ce à cause de ce malheureux incident ? Quelques mois plus tard, quand le nouveau classement de Pékin a été publié, et qu'un journaliste a demandé à notre président d'université pourquoi son établissement avait à nouveau perdu quelques places, il n'a, cette fois, pas accusé la méthode de mesure de l'université de Pékin. Il a préféré déclarer que son université était bien meilleure que ce que son classement semblait montrer, mais que de vieux chercheurs aigris avaient volontairement choisi de saboter le score de leur université de tutelle en refusant de la nommer dans leurs publications scientifiques. C'est uniquement à cause d'eux, et notamment, des chercheurs du Polytechnic Institute of Pluridisciplinary Ontology, que notre université s'était retrouvée classée derrière les grands campus américains.

Fin

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